Observations du comte de Lally-Tolendal sur la lettre écrite par M. le comte de Mirabeau au Comité des recherches, contre M. le comte de Saint-Priest, ministre d'État
12 ! NE comment on ofe dire que de nouvelles troupes eétorent à craindre ; quand il eft démontré qu'aucune troupe ne pêut plus fervir contre la liberté. Enfin > €n étant bien éloigné de défendre ces prétendues orgies, que j'ai été le premier à blâmer , & que je trouve, en effet, très-27Prudentes , quoique très - calomniées » je voudrois cependant qu’on ne fe donnit pas une telle Zarrtude dans les accufations | qu'on n’y préfentât pas des alternatives du tout au rien ; & que d’une part, l’envie de noircir, de l’autre, l'habitude de fe rétra@er , ne fiffent pas dire de ceux qu’on accufe ,qu’ils ont manifeflé des deffeins coupables | OU du noïns des vœux téméraires. Mais il faudroit s’arrêter à . chaque mot f l’on vouloit tout dire. Je reviens aux dernières expreflions proférées , dit-on, par le miniftre ; je les commente à mon tour, & voici ma paraphrafe, voici le veritable fens que je trouve dans ces mots : VOUS 70yEZ OÙ LOUS en êtes. ten “ L’approvifionnement, les fubfftances du royaume » font des objets d’adminiftration > & appartiennent au » pouvoir exécutif. L’affemblée nationale , qui fait les lois » de concert avec le roi, a reconnu & décrété que le » pouvoir exécutif fuprême réfidoit exclufivement dans la » main du roi. On n'obéit, ni au roi, ni à l’affemblée. » Quand le roi exerçoit ce pouvoir exécutif fuprème , il » embrafloit, d’un coup d'œil, toutes les parties de fon » valte empire, Il favoit dans quel endroit on m’avoit que » le néceffaire, dans lequel on ne l’avoit pas , & dans le quel »» on avoit le fuperflu, Ce qu'une province, ce qu’une » ville avoient de trop, il le verfoit fur celles qui n’avoient » pas ‘affez ; -& comme-il yavoit un centre fur lequel on » Île repofoit, comme il y avoit confiance & foumiflien, » l'une voyoit entrer avec reconnoïflance ; l’autre voyoit » fortir avec fécurité ; toutes laifloient pafler fans obfta» cles. Aujourd’hui que le roi n’exerce plus'ce pouvoir » exécutif; aujourd’hui que chaque province , chaque ville » 6 prefque chaque faubourz s’ifolent ; ana qu'il y . ” a dans une même ville vingt républiques différentes , » qui s'emparent à l’envi de tous les pouvoirs, légiflatif, » exécutif, judiciaire ; tout le monde { méfie , tout le » mondéfe craint. Ceux qüi ont du fuperflu, voient , dans » l'avenir, le moment où ils mauront plus le néceffaire, » Ceux'qui manquent, { trouvent placés entre la famine » & la violence, Au-lieu de fe fécourir, on fe dépouille