Oeuvres diverses
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prime à la malveillance. Chacun ses œuvres, chacun sa responsabilité. Nous dirons désormais au prolétaire: « Discerne causam meam de gente non sanceta, et ab « homine iniquo et doloso erue me. » Cest-à-dire : « Ne confonds pas notre innocente jeunesse avec les « vieux floueurs de Révolution, et ne porte pas à notre « compte leurs jongleries et leurs trahisons de 48. » Nous ne jetterons plus le manteau de Sem sur la nudité de ces patriarches tombés, le ventre à l’air, dans leur orgie réactionnaire.
J'entends les cris désespérés de nos bons apôtres : « Union ! Union ! Concorde ! Concorde! » Je les vois, les bras levés au ciel pour attester l’égarement de leurs frères. Oui dà ! A la première petite piqûre, on s’amourache subitement de la concorde? On ne s’en inquiétait guère pour larder à discrétion les dissidents hors de combat. Ils devaient se souvenir de cette belle vertu, les brochuriers, alors que certaines allusions au passé formulaient de claires et odieuses dénonciations dans le présent; les péroreurs, quand leurs agaceries devenaient un reproche d’inaction et une invite aux réquisitoires.
Songent-ils à l’union ceux qui ne perdent jamais l’occasion de traîner une fois de plus dans le ruisseau les vaincus de nos journées néfastes, et de réciter la commémoration de l’outrage sur les tombes où la liberté est descenduc avec ces grandes victimes ? On le sait, contre les hommes du parti populaire, l’injure est un droit. On ne la remarque même pas, tant elle est dans l'ordre. Ils sont faits pour subir la calomnie, comme leurs adversaires pour la distiller. Aux uns le devoir absolu de la résignation, aux autres le monopole de linvective : voilà ce qu’on appelle la concorde ; et si, par impossible, un des parias sort de son rôle jusqu’à se redresser contre l’insulte, un ouragan de malédictions s’abat sur lui, pour le renfoncer dans le silence.