Oeuvres diverses
mis coalisés de l'humanité, et sont en horreur à tout ce qui connaît leur nom.
Et pourtant, est-il rien de plus faux que les accusations de Camille, cet ingénieux gamin qui, selon l’expression du cousin Jacques, en calomniant ne croyait que médire? Toutes les allégations du procès, — calomnies; la trahison de Ronsin, — mensonge: l’aspect vicieux et cynique infligé à ce groupe lumineux de poètes, d'étudiants, d'artistes et d'hommes du peuple, — dérision.
L'avènement des Hébertistes fut l’avènement de la science et de la raison sous la forme la plus énergique, la plus populaire, mais aussi sous la forme qui pouvait seule en assurer le triomphe définitif. La science que les Girondins, les doctrinaires d’alors, avaient voulu cloitrer dans une oligarchie lettrée, fut tirée du boudoir et jetée sur la place publique. Les Hébertistes s’adressèrent au peuple et lui dirent : « La science est ta conquête, la science appartient à tous, viens et prends! »
La lutte acharnée qu'ils engagèrent contre la métaphysique autoritaire, cette pierre angulaire de toute oppression, montre que seuls ils eurent conscience de la Révolution, que seuls ils en comprirent le sens, la marche et le but. L’humanité future leur apparut dans une vision sublime; et, las de promesses vaines, ils réclamérent le règne immédiat de l’homme sur la terre.
Ils ont attendu jusqu'à présent la justice. Attendront-ils longtemps encore ?
« J'en appelle à la postérité! » s’écria Clootz sur l’échafaud. La postérité n'a encore répondu que par l’outrage : « Gloire aux bourreaux, haine aux victimes ! » chantent poètes et historiens. Les tueurs lavent le pavé, jettent les morts dans des trous, s’essuient les mains et disent à la foule assemblée : « Quel crime nous reproche-t-on? Notre main est blanche. »