Opinion de Georges Couthon sur le jugement de Louis XVI
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quels sont les efforts qui leur restent à faire? Leur rage n'est-elle pas depuis long-temps à son comble? Et quel crime plus grand pouvions-nous commettre aux yeux des despotes, que de proclamer l'indépendance des nations ? Républicains, ce n’est pas ànous à nous laisser frapper de terreur; la déclaration des droits, voilà notre unique traité de politique et l'arme de nos victoires. Qu'ils s’'avancent les tyrans, les peuples sont debout, ils seront justes dans leur vengeance, mais inexorables comme les dieux.
Contestera-t-on que le peuple nous ait donné matériellement des pouvoirs suffisans pour juger Louis? Eh bien! en voici la preuve.
Louis Capet, pris en flagrant délit le ro août (1), suspendu de ses fonctions et constitué prisonnier d'État par l'assemblée législative, a été dénoncé au peuple; il fallait le juger.
Louis, qui réunissait sur sa tête le second pouvoir suprême, ne pouvait pas plus être jugé par les autorités constituées, qui lui étaient subor-
(1) Louis XVI a refusé son adhésion aux décrets contre les prêtres qui fomentaient des troubles intérieurs, contre les émigrés qui soudoyaient les armées étrangères, et dont il fut le complice; pour la formation d’un camp de vingt mille hommes de réserve sous Paris, ete. Nous pourrions citer bien d’autres choses encore, mais ce que.nous avons dit ne suffit-il pas pour motiver l'insurrection du 10 août, et décider que Louis fat traître à la patrie ?
(Nouvel Éditeur.)