Opinion de Georges Couthon sur le jugement de Louis XVI
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formées en tribunaux ; il a fait ce qu'il avait droit de faire, il nous a appelés pour juger, il n’a pas mis de bornes à nos pouvoirs, il n’a pas créé de tribunal d'appel; il adonc voulu que nous jugeassions en dernier ressort. Nous nous sommes, en effet, déclarés juges. Louis a paru à la barre; nous l'avons entendu; il n’a pas réclamé; nous sommes donc, et par les principes, et par nos pouvoirs, et par notre décret, et par le consentement libre de Louis, seuls juges compétens dans cette affaire.
Je vous ai prouvé que le jugement de Louis ne pouvait pas être envoyé aux assemblées primaires ; qu’il ne pouvait pas y avoir lieu à l'appel au peuple; que vous seuls deviez juger.
Maintenant je dirai que le renvoi aux assemblées primaires, ou l'appel au peuple, présentent des dangers si grands, des inconvéniens si graves, que quand il n’y aurait pas d’autres raisons, il faudrait les éviter.
Convoquer les assemblées primaires dans cette circonstance, c’est exciter, au sein de la république, et pour un homme qu'on sait bien être la cause d’une division existante, un grand mouvement qui ne peut avoir que les suites les plus funestes : c’est alimenter les haines et les passions ; c'est mettre aux prises la royauté avec la république; c’est exciter un combat à mort entre le patriotisme et l'aristocratie; c’est livrer la libertéaux