Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 257

les plus équivoques : des passions ardentes, l’absence de sens moral, l'oubli des convenances sociales, lui ménagent une existence bizarre et débraillée, un caractère ambigu qui donnent large prise à la médisance. Mari infidèle, père insouciant, il devient tour à tour comédien ambulant, directeur de troupe nomade, peintre, graveur, musicien, poète, journaliste à Liège; un sonnet à la Vierge lui vaut aux Jeux floraux l’églantine d’or, d'où il tire son nom de théâtre. Il a de l'esprit, une mémoire excellente, une originalité réelle, mais il gâte tout par l'envie, par l’orgueil, si habile à nous crever agréablement les yeux, l’'orgueil, si grand chez Jui, qu’il se vantait tout haut de ne consulter personne, regardait les avis comme des pièges, les critiques comme des injures.

Il débarque à Paris en 1787, les poches pleines de tragédies, de comédies, à peine connu par une romance à la mode : 17 pleut, il pleut, Bergère, gracieuse idylle qu'il composa à Maëstricht en 1780, et dont le réalisme aimable contraste avec les fadeurs musquées, avec les platitudes enrubannées de l’Almanach des Muses.

Il pleut, il pleut, bergère, Presse tes blancs moutons; Allons sous ma chaumière, Bergère, vite, allons : J'entends sur le feuillage, L'eau qui tombe à grand bruit Voici, voici l'orage,

Voia l'éclair qui luit..o.