Orateurs et tribuns 1789-1794
L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE. 19
toiles, un hospice de sœurs, des jardins anglais, une ferme-modèle, améliore les races de bétail, fonde pour les orphelins de l’armée une école spéciale qui fut l'origine de l’École des arts et métiers. Député de la noblesse de Clermont en Beauvoisis, il vote la réunion des ordres, passe au tiers état, se rend à Versailles le 14 juillet et répond au roi qui s’écriait : « Mais c’est une révolte ? — Sire, ce n’est pas une révolte, c'est une révolution. »
La maison du duc de La Rochefoucauld !, distinguée par sa simplicité, la pureté des mœurs, l'indépendance de la cour et la liberté des principes, réunissait les principaux membres de la noblesse qui se déclaraient pour tout ce qui favorisait le peuple, la double repré-
1. « L'hôtel d’Anville servait de rendez-vous aux académiciens et aux savants. À leur têle élait Condorcet, à leur suite le due de La Rochefoucauld, fils de la duchesse d’Anville, qui, à des connaissances pédantesques et à un cœur pur joignait un esprit et un caractère faibles. Deux choses me le rappellent principalement : la fameuse scène du brouet noir des Spartiates, auquel nous fümes invités en très grand nombre, que tout le monde vanta et renvoya après l'avoir à peine goûté, et la scène qu'il eut avec un de mes amis, propriétaire à Saint-Domingue. Le duc venait de présenter sa motion en faveur de la liberté des nègres : cet ami se rend chez lui et lui dit : « monsieur le due, vous ne ferez pas votre motion. — Pourquoi, Monsieur? — C’est que je vous brûlerais la cervelle. » — Et le duc ne l'osa pas faire. » (D’Allonville, tome I. Mais il ne faut pas accepter sans réserve les affirmations de d’Allonville dont le témoignage est très souvent suspect.)