Orateurs et tribuns 1789-1794

50 ORATEURS ET TRIBUNS.

Madame de Rémusat traçait en 4807 un piquant portrait d'Alexandre de Lameth, devenu préfet impérial, grand admirateur de Bonaparte, et resté toutefois le défenseur (de tels contrastes sont moins rares qu’on ne pense) des intentions de l’Assemblée constituante : « J'aimerais assez le préfet qui a une politesse noble et de bon goût, mais il est trop froid et trop préfet, il ne parle que de son département, ne sait pas un mot de ce qui se passe hors d’Aïx-la-Chapelle, n’ouvre pas un livre, et ne fait que sa place... Vous voyez que ce n’est pas là le Lameth d'autrefois. [1 l’est encore dans certaines opinions constituantes qu'il se plaît à mettre en avant. Mais ce qui est remarquable, c'est qu'il ramène toujours la conversation sur les scènes passées, et qu'il aime à rappeler ses liaisons avec l’ancienne cour et la faveur qu’on lui témoignait. Quand il parle ainsi, on le regarde et on ne trouve rien à répondre... Il vient quelquefois me faire des petites visites du matin. Au bout de quelques moments, il trouve le moyen de mettre la conversation sur les commencements de la Révolution, sur l’Assemblée constituante, sur ses idées de régénération, sur ses espérances de réforme. Il arrange tout cela de son mieux, il fait des contes que j'ai l'air d'adopter et qu’au fond je ne repousse pas entièrement, parce que je trouve en moi une disposition, naturelle dans ce siècle-ci, à excuser une bonne partie des erreurs politiques. Hier je lui ai fait raconter les circonstances de sa captivité, et, après avoir pensé que le roi de