Portalis : sa vie, et ses oeuvres
LE CODE CIVIL 219 famante, qu’il se portât contre l’autre à des excès ou à des violences, le divorce était possible, parce que les actes qui le motivaient ainsi entraînaient virtuellement la rupture morale et la négation même du mariage; mais, hors de ces cas exceptionnels, le mariage subsistait. On n’était plus admis à invoquer l’incompatibilité d'humeur, à se prévaloir d’un mutuel consentement, donné le plus souvent sous l’empire de la passion, de l’'emportement ou de la crainte. Tout motif non défini, toute allégation vague était formellement interdite, et, si le mot divorce restait encore inscrit dans la loi, on peut dire qu’en fait le mariage recouvrait son indissolubilité traditionnelle. -
Portalis ne le dissimule pas dans son Discours préhminaire. En présence du divorce législativement reconnu et déjà entré dans les mœurs, il ne demande pas une réforme, mais un changement radical de sysième; ce n’est pas seulement au sens pratique des législateurs qu’il fait appel pour arriver à une plus juste définition d’un droit contestable, c’est de la moralité publique elle-même qu’il sollicite le raffermissement du mariage ébranlé. Sa discussion est complète, brillante et solide. Il insiste sur le danger d’une loi qui, en autorisant le divorce, en inspire le désir, sur les nécessités d'ordre social qui exigent. le maintien de l'autorité paternelle et du pouvoir marital compromis par le divorce; il invoque tour à tour l'intérêt de l’époux abandonné, celui des enfants, celui de l’État, celui de l'époux: même qui demande le divorce et qui s'expose imprudemment à subir dans sa vieillesse, en