Portalis : sa vie, et ses oeuvres
LE CODE CIVIL 221
cautions, que les tribunaux seuls soient appelés à la prononcer, que la voie reste ouverte à la réconciliation, que tout, en un mot, dans cette matière, comme dans les autres questions relatives au mariage, se rapproche du vœu de la nature et se règle d’après ses lois immuables. « Chaque famille, dit-il, est une société particu» lière et distincte dont le gouvernement importe à la » grande famille qui les comporte toutes. »
Dans la discussion approfondie qui s’ouvrit, sur le divorce, Malleville, Bigot-Préameneu, Boulay de la Meurthe, Tronchet surtout soutinrent sans hésiter la doctrine de Portalis, et il fallut, pour triompher de leurs arguments, l’intervention persistante et presque passionnée du Premier Consul, qui finit, après un débat prolongé pendant plusieurs séances, par rallier le Conseil d'État à son opinion. Sans tenir compte des considérations d'ordre supérieur que faisaient valoir ses adversaires, Bonaparte s’attachait exclusivement à justifier le maintien du divorce par l’état des mœurs. Il prétendait qu'après les scandales qui s'étaient multipliés, sous le Directoire, dans une proportion si alarmante, il était impossible de conserver au mariage son indissolubilité primitive et de rétablir une loi condamnée à être sans cesse violée. Il lui paraissait moins fàächeux d'autoriser des époux mal assortis à mettre fin à leur union par un consentement mutuel, que de les obliger à garder un nom trop souvent déshonoré et de les maintenir malgré eux dans une situation équivoque et incertaine qui ne conserve du mariage que le nom. La possibilité d’un rapprochement ultérieur, la situation