Portalis : sa vie, et ses oeuvres
AVOCAT 43 dor, c’était pousser le courage jusqu’à la témérité. La réaction thermidorienne protégeait, il est vrai, les adversaires de la Montagne; mais elle n’était ni aussi sé vère que Portalis pour la Convention, à laquelle elle tenait par plus d’un lien, ni surtout assurée de dominer Jongtemps. Les terroristes, vaincus mais non détruits, menaçaient toujours, et, en les attaquant avec tant de vigueur, Portalis risquait, de nouveau, sa liberté et sa vie.
L’attention publique s'était fixée, de plus en plus, sur lui, et, à la veille des élections de Van II, les hons citoyens qui cherchaient à reformer leurs rangs éclaircis par la guillotine, songèrent à le choisir pour représentant. La section de Paris dont il faisait partie, celle de Brutus (faubourg Montmartre), avait pu apprécier la force, l'élégance et la merveilleuse facilité de sa parole !; elle n’hésita pas à l'élire député. Le même témoignage de confiance lui fat donné par le département du Var, pour lequel il opta.
Dès ce jour, Portalis cessait d’appartenir au barreau. Ille quittait, après y avoir montré autant de talent que d’intégrité, déployé toutes les qualités de sa riche
41. M. le comte Portalis rapporte, dans sa notice (page 16) l’anecdote suivante : « Portalis se rendit quelquefois dans l’assemblée » primaire de sa section, mais il n’y parlait pas. Un jour, dans une » occasion délicate, au milieu de la plus violente agitation, le pré» sident de l'assemblée, embarrassé de ce qui se passait, lui donna » subitement la parole. Étonné, il n’hésita qu’un moment; il se ré» signa, parut à la tribune et réussit à calmer les esprits. Depuis, » on le pressait de parler toutes les fois qu’on avait besoin d’être » éclairé et concilié, et il parla toujours avec le même succès, »