Portalis : sa vie, et ses oeuvres

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la Sentinelle, l’Ami des lois, le Journal des hommes libres, ils l’exhortaient à sévir sans pitié, à confirmer, en l’aggravant, la politique de vendémiaire; ils le pressaient de revenir à l'emploi des moyens révolutionnaires : la levée en masse, l’emprunt forcé, le maximum, la guillotine. Chaque jour, au club du Panthéon, qui rappelait, sinon par sa puissance, du moins par son exaltation, celui des Jacobins, des orateurs soi-disant populaires répétaient qu’il fallait reprendre l’œuvre de la Convention, établir à l’intérieur l’égalité absolue, à l’extérieur, la république universelle, exterminer les rois, les nobles, les prêtres, les riches, et fonder, sur les ruines de l’ancienne société, la domination des prolétaires. Si le gouvernement acceptait ce programme, on devait le soutenir en précipitant sa marche; sinon, le renverser par les complots ou par une lutte ouverte. La majorité des Conseils, surtout aux Cinq-Cents, subissait la loi de ce parti; il disposait du faubourg Saint-Antoine, appelé alors Section des Quinze- Vingts, de la plupart des grandes villes, des populations de l’est et du nord, et une partie de l’armée applaudissait à ses déclamations. Quelques sectaires allaient plus loin ; et, dans leurs ténébreux conciliabules dirigés par Babeuf, ils préparaient, au nom du jacobinisme, le règne du pillage et de l’anarchie.

Entre ces deux factions rivales, se formait le parti constitutionnel. En minorité à Paris, il représentait cependant l'immense majorité de la France; il s’inspirait des vœux de cette masse de citoyens, qui, de tout temps, a réclamé, trop timidement sans doute,