Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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dictées par le plus ferme bon sens. Il est, sans doute, regrettable que la garantie légale couvre quelquefois des actes qui n’ont rien d’administratif, encore moins de politique; on peut aussi soutenir qu’elle s’étend à des classes trop nombreuses d'agents subalternes ; mais, quelque fondées que soient ces critiques de détail, le principe n’en subsiste pas moins. Il se dégage intact de toute controverse sincère, et ceux-là mêmes qui l’attaquent avec le plus de véhémence tant qu’ils ne font que des théories, sont contraints de le maintenir, dès que, parvenus au pouvoir, ils ont à compter avec les passions humaines et avec l’inexorable logique des faits.
Peu de temps après (le 7 fructidor an IV), Portalis monta de nouveau à la tribune. Il allait traiter une autre question beaucoup plus grave, sur laquelle ilavait à redouter l'hostilité notoire de la plupart de ses collègues et à braver les menaces de la faction terroriste : il s’agissait de l’exécution des lois révolutionnaires conire les prêtres appelés réfractaires.
S'il avait fallu du courage pour prendre la défense des parents d’émigrés, il en fallait bien davantage pour parler en faveur des prêtres, au lendemain de la Terreur. On peut dire, en effet, que l’antagoniste moral, l'ennemi le plus réel et le plus irréconciliable de la Convention, a été le christianisme. Il en devait être ainsi : tant que les terroristes se contentaient d’abattre des têtes ou de renverser des trônes, ils n’avaient rien fait de définitif pour le triomphe de leurs rêves égalitaires et de leurs théories socialistes. Les corps pouvaient