Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LES ROMANS DE L'EMPEREUR 235

de vous voir et de causer, avec vous, sur vos intérêts. Bonsoir, mon ami; je vous embrasse. » Et il y va; et quelques mois plus tard, il l’épouse.

C'était le 9 mars 1796. Deux jours après, il part pour aller prendre le commandement de l’armée d'Italie. C’est à cette circonstance que nous devons de connaître de quelles flammes il est consumé. Après un siècle, les lettres qu'il écrivait en restent encore brülantes : « Tu es l’objet perpétuel de ma pensée; mon imagination s’épuise à chercher ce que tu fais. Si je te vois triste, mon cœur se déchire. » Loin d’elle, il dit encore: « Je ne vis plus. J’ai perdu plus que la vie, plus que le bonheur, plus que le repos. Sans appétit, sans sommeil, sans intérêt pour l'amitié, pour la gloire, pour la patrie; toi, toi, et le reste du monde n'existe pas plus pour moi que s’il était anéanti. » Puis, une autre fois: « Sans cesse je repasse dans ma mémoire tes baisers, tes larmes, ton aimable jalousie, et les charmes de l’incomparable Joséphine allument sans cesse une flamme vive et brülante dans mon cœur et dans mes sens. » Elle est exprimée

en toutes lettres, cette dévorante passion. Est-