Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LA DIPLOMATIE DE LA RÉVOLUTION 41

génie, — Manuel Godoy, pauvre cadet de province, garde du corps du Roï et que celui-ci, à linsüigation de Marie-Louise, fait successivement prince de la Paix, duc d’Alcudia, grand d’Espagne, premier ministre, chevalier de la Toison d’or, époux d’une de ses nièces, et accable, en son incroyable aveuglement, de tant d’honneurs et de faveurs, en y attachant de si gros traitements, qu'au terme de cette invraisemblable fortune commencée quand il avaità peine vingt-six ans, le favori possède une énorme richesse territoriale que grossissent, d'année en année, les fantastiques revenus de ses places.

La passion de la Reine pour Godoy s’affiche publiquement à partir de 1791. Bien qu'il « la batte et l’insulte », leur liaison se continue, à travers les incidents les plus dramatiques. Godoy lui doit de devenir tour à tour un grand patriote, l'arbitre de la paix, le généralissime des armées espagnoles. Elle est exploitée par Napoléon au profit de sa politique. Après avoir flatté Godoy, tant que celui-ci lui cède, il devient son ennemi quand le favori lui résiste, et, pour peser sur lui, écrit à Charles IV une lettre abo-

minable où il lui dénonce les débordements de