Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
:8 ASSEMBLEE
force. Enfin il comptait sur l'appui du roi, qui se montrait très-attaché à ses projets, et sur celuidela reine et des princes, auxquels il avait rendu de si grands services : il avait d’ailleurs disposé la distribution des bureaux des notables de manière à s’y conserver la prépondérance.
Toutes ces combinaisons furent renversées. La réputation d’immoralité atiachée au nom de M. de Calonne inspira une défiance générale sur ses projets. Ils étaient utiles, ils exprimaient le vœu national; etcependanton n’en voulait pas, parce qu’ils venaient de lui. Les impôts par lesquels il remplacait ses réformes furent jugés désastreux : on voyait qu’en dernière analyse c'était encore de l’argent qu’il demandait. Ses opérations fiscales étaient trop récentes pour qu’on n’attribuât pas à lui-même une partie du deficit. I] avait inculpé M. Necker, qui se crut obligé de lui répondre; et M. Necker fut exilé. Cet acte d’oppression indisposa tous les esprits. De leur côté les notables voulurent tout voir ettout connaître ; outreque leur gloire y était intéressée, et qu’ils savaient qu’ils étaient surveillés par une nation éclairée et agitée, toute assemblée qui représente ou qui est censée représenter la nation, se respecte et connaît l’étendue de ses droits. Ils voulurent aller au fait et chercher la cause du deficit: M. de Calonne ne répondit qu’en disant que c'était la volonté du roi; qu’il fallait obéir. 11 fut accusé directement sur les échanges des domaines du roi et sur plusieurs de ses opérations fiscales; et, quelque adresse qu’il mît dans ses réponses, les tergiversations nécessaires qu’il employa diminuaient chaque jour son crédit. Cependant il parvint à faire renvoyer M. de Miromesnil , alors garde-des-sceaux, et à le faire remplacer par M. de Lamoïignon, ennemi des parlemens. Il voulait ie leur opposer, au cas qu’ils imitassent la résistance des notables. Maître de l'esprit du roi, qu’il avait séduit dès le commencement par les graces de sa conversation , et depuis par l'utilité apparente de ses projets, il ne le laissait pas approcher, et lui représentaitles oppositions qu'il éprouvait, comme l'effet des intérêts particuliers. Un ennemi lui restait encore, c'était M. de Breteuil, que le crédit étonnant de M. de Calonne avait éloigné de la faveur du roi, mais que la reine protégeait. M. de Calonne voulut le faire renvoyer, et il se perdit. La reine l’abandonna. Chacun se réunit pour éclairer le roi sur la perfidie de son ministre; et M. de Calonne fut disgracié. Alors il se livra aux transports de la rage la plus violente : fuyant dans sa terre , il fut témoin, sur sa route , de l’indignation qui le poursuivait; et ses malversations ayant été dénoncées au parlement, la crainte d’un décret l’obligea à sortir du royaume.
Les notables furent congédiés. Ils emportèrent dans les pro-