Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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mais souvent elle était interrompue dans ses tendres soins par des convulsions que lui avait données l’affreux tableau qu’elle avait vu. Mme de Rozambo l’aperçut qui venait se jeter dans ses bras: fous avez eu le bonheur, lui dit-elle, de sauver votre père, et moi j'ai du moins la gloire de mourir avec le mien.

Robespierre et Billaud-Varennes étaient depuis quelque temps en contestation sur une autre victime : c'était la sœur du roi, Mme Elisabeth. Robespierre craignait de révolter le peuple par un tel sacrifice. Billaud-Varennes s’applaudissait de voir quelque incertitude dans l’ame de Robespierre; pour lui, il ne pouvait concevoir une hésitation dans la cruauté. Il fit demander la tête de Mme Elisabeth par les jacobins. Robespierre se tut. Elle fut mise en jugement ; elle fut enlevée du Temple ; elle fut arrachée à la jeune orpheline qu’elle formait à toutes ses vertus, qu’elle soutenait de toutes les consolations célestes.

Voici Mme Elisabeth devant le tribunal. Je vais transcrire ici quelques-unes des questions qui lui furent faites parle , président du tribunal révolutionnaire, et ses réponses,

x Lors de la fuite du tyran votre frère à Varennes, ne » l’avez-vous pas accompagné ?—Tout m’ordonnait de suivre » mon frère, et je me suis fait un devoir , dans cette occasion » comme dans toute autre, de ne point le quitter. »

Plusieurs questions du président portaient sur le repas des gardes-du-corps et sur la journée du r0 août. Ni le roi ni la Peine n'avaient été accusés avec plus de violence que Mme Elisabeth ne le fut sur ces faits. Elle déclara qu’ils lui étaient étrangers. L’atrocité des expressions du président durant tout cet interrogatoire fait frissonner. Interrogée sur un envoi fait par elle de ses diamans à son frère d'Artois, elle fit d’abord des réponses peu signifiantes ; pressée plus vivement, elle garda le silence. Elisabeth aurait eu des crimes de ce genre tant qu’elle aurait eu un frère, ou même un serviteur malheureux. HET

« N'avez-vous pas secouru et pansé vous-même les blessu» res des assassins envoyés par voire frère aux Champs» Elysées contre les braves Marseillais ?—Jen’ai jamais su que » mon frère ait envoyé des assassins contre qui que ‘€ SOite » S'il m'est arrivé de donner des secours à quelques blessés, » l'humanité seule a pu me conduire dans le pansement de » leurs blessures; je n’ai point eu besoin de m’informer de la » cause de leurs maux pour m'occuper de leur soulagement. » Je ne m'en fais pas un mérite; mais je n’imagine pas que » l'on puisse m’en faire un crime.

» — L'accusée Elisabeth, dont le plan de défense est de