Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

178 CONVENTION

relâche , depuis une demi-heure, une,sonnette qui coupait la voix de Robespierre. On entendit ces mots : Pour la dernière fois, je te demande la parole , président d'assassins? À cette invective , la terrible sonnette répondit seule. Sa voix commençait à s’éteindre ; un député lui cria:: Malheureux, ne vVois-lu pas que le sang de Danton letouffe ? Lesang d’un million de victimes, devait-il dire.

Il quitte enfin ce poste; il va chercher un refuge parmi les députés échappés au massacre de la Gironde. « Maban» donnerez-vous , leur dit-il, moi quine suis en proie aux » fureurs de la montagne que pour vous avoir sauvé tous; » pour avoir moi seul arraché à la mort soixante-douze » de vos amis? Si vous me laissez mourir victime de mon » humanité, je vous prédis que vous mourrez bientôt, vous, » victimes de votre ingratitude. » Cependant ils détournaient les regards. Un député met le comble à sa confusion, en lui disant : Retire-toi, scelérat, de ces bancs que tu souilles, Vergniaud et Condorcet les occupaient. :

Un cri unanime se fait entendre : Aux voix le décret d'accusation. Le président met le décret aux voix, tout se lève.

Robespierre le jeune demanda à partager le sort de son frère. Je suis fâché de dire qu'il obtint sur ce seul mot. Ce mouvement généreux semble annoncer que cet homme ne participa que par fanatisme à tant de cruautés.

Couthon et Saint-Just étaient restés confondus pendant tout cet orage, et semblaient, comme les plus vils brigands, solliciter un pardon. On les décrète, ainsi que Lebas.

Il se fit ensuite un silènce qui paraissait appartenir à la méditation des dangers. Les nouveaux prisonniers furent confiés aux comités de salut public et de sûreté générale.

On avait vu Marat, avec moins de puissance, revenir triomphant du tribunal révolutionnaire; ce tribunal pronoucerait-il jamais la condamnation d’un homme à qui tous ses membres étaient redevables de leur odieuse mission , à qui ils étaient liés par un pacte de sang ? Les comités chasseraient-ils ce même tribunal à qui le même pacte les unissait ? Si leur règne continuait, qu'importait à l’humanité le supplice de Robespierre ?

La providence disposa des événemens ultérieurs de cette journée de manière qu’elle fût le salut des peuples.

Soit par la précipitation, soit par le trouble que des conpables doivent mettre à châtier des crimes dont ils sont complices, les comités avaient pris les plus faibles mesures pour assurer la translation des députés décrétés dans les prisons. Quelques gendarmes , troupe à qui les tyrans avaient