Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Pauvres, qui voyaient dans Robespierre Ja cause des massacres, dont ils éprouvaient chaque jour une plus vive horreur.

Que faisaient cependant Robespierre et la commune ? L'objet d’un 1el mouvement ne savait pas en être le chef. Il n’y avait plus à attendre de lui un conseil, une mesure, ün signal. il ne dissimulait pas ses inquiétudes lorsqu'on parlait de marcher sur la convention ; il se serait cru abandonné dans son asile. Il regardait et ne voyait pas cette longue forêt de piques qui lui avait toujours paru l'appareil nécessaire d’une insurrection. I] régnait beaucoup d’anarchie parmi les chefs. Henriot s'était mis dans un tel état d'ivrésse, que son audace même devenait inutile et dangereuse. Payan, le procureur de la commune , venait d’employer, avee le plus mauvais succès, un statagème révolutionnaire. Il avait lu, avec le ton du mépris, le décret qui mettait la commune hors la loi. 41 supposa pour en flammer le peuple , un article qui mettait également hors la loi les citoyens des tribunes. Elles se vidèrent en un instant.

Barras arrive avec ses bataillons. Il les avait distribués de manière à cerner toutes les issues de la place. La nuit cachait leur petit nombre. La victoire ne fut pas même disputée. De tant d’assassins, nul ne chercha l'honneur de périr dans un combat. Le lâche Robespierre n’avait pas même paru au milieu de ses bandes révolutionnaires.

Elles posèrent les armes dès qu’elles en furent sommées. Des cris unanimes de vive La république ! vive la conven= tion ! annoncèrent à la commune sa défaite. Elle fut forcée. Robespierre se tira un coup de pistolet, qui lui brisa la mâchoire sans lui ôter la vie. Saint-Just avait prié Lebas de lui donner la mort : Léche ; imite - moi, répondit celui-ci, en ajustant un pistolet sur son front, et il se tua. Couthon , caché sous une table, agitait, sans force et sans volonté, un couteau qu'il n’osait approcher de son cœur. Robespierre jeune, moins coupable, fut aussi malheureux que son frère. Il s’était précipité d’une croisée : sa chute : en le meurtrissant , lui avait laissé la vie. Coffirhal, dans un accès de fureur contre Henriot, qui leur avait fait à tous de vaines promesses, le saisit et le jeta par une fenètre. Celui-ci fut trouvé dans l’état le plus affreux, vivant encore. Tous les membres de la commune furent arrétés.

Les prisonniers furent transportés dans les comités. On ne s’occupait que de Robespierre, que de prolonger et d’aggraver son martyre. Il recevait mille malédictions, qu’il pouvait encore entendre. Un ouvrier s’approcha de lui , le con-

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