Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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mille hommes avec lesquels il traversa les Ardennes. Il était vraisemblable qu’un ordre pressant du généralissime appelait ce renfort. Cependant Beaulieu fit, en passant, quelques tentatives sur des châteaux et des forteresses qu’il ne put surprendre. Il arriva assez à temps pour faire lever le siége de Charleroi, qu’une partie de l’armée du Nord, jointe à celle des Ardennes, avait entrepris. Le général Jourdan ne demandait qu’à le suivre. Il laissa de fortes garnisons dans les places, et partit avec une.armée de trente mille hommes. Les troupes francaises avaient rarement fait des marches plus difficiles et plus rapides. Le prince de Cobourg marchait à sa rencontre. Deux actions eurent lieu sur les bords de la Sambre. A la première, Jourdau fut obligé de repasser cette rivière avec une perte considérable. Après la seconde, Charleroi resta investi par les Francais. Sommée le 30 prairial, cette ville se rendit le 7 messidor; mais les généraux ennemis ignorèrent

w’elle eût capitulé. Ils se présentèrent le lendemain pour la délivrer. Alors s’engagea une bataille qui sera toujours l’une des plus glorieuses dans nos fastes militaires; c’est celle de Fleurus. :

Le prince de Cobourg commandait l’armée autrichienne ; la droite était sous les ordres du prince d'Orange; la gauche, sous ceux du général Beaulieu; le cenire, sous ceux du général Lambesc.

Les garnisons de Valenciennes, de Landrecies et du Quesnoy étaient venues renforcer cette armée, et la portaient jusqu’à près de quatre -vingt-dix mille hommes. L'armée française n’excédait pas ce nombre : on assure même qu’elle: lui était inférieure ; elle était commandée par le général Jourdan. L'avant-garde était sous les ordres du général Marceau; le général Lefebvre conduisait Parrière-garde, et le général Dubois la cavalerie. Suivant toutes les relations, les Français n'avaient jamais présenté une artillerie plus redoutable et mieux servie; mais les Impériaux l’emportaient de beaucoup sur eux par leur excellente et nombreuse cavalerie.

Le général Jourdan fit attaquer l'ennemi avant le jour. Trois fois nos soldats arrivèrent jusqu’à ses retranchemens, et en furent repoussés avec de grandes pertes. Après neuf heures de vains efforts, les Français criaient encore: Point de retraite aujourd'hui ! point de retraite ! Quand ils cédaient à l'ennemi, ils conservaient beaucoup d'ordre dans leurs rangs. Le général Jourdan s'était encore ménagé de puissantes ressources pour une quatrième attaque : il fit avancer ses réserves et son artillerie légère; il fit battre la charge sur toute la ligne à six heures du soir. Le choc des Francais fut encore plus impétueux qu'au commencement de l'attaque;