Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 29

qui, à la suite d’une guerre malheureuse, fit sa paix avec la république française. J'ai exposé dans le Précis historique de la: Convention les causes de cette guerre. On a vu que les Espagnols l'avaient conduite d’abord avec assez de vigueur et de succès. Sous le commandement du général Riccardos, ils avaient pénétré dans le département des Pyrénées-Orientales; ils s’y étaient emparés de quelques villes. Leur conquête la plus importante fut celle du tort de Bellegarde; mais ils s'étaient arrêtés après ce succès. Ils s'étaient contentés de donner quelques alarmes à Perpignan : ils ne comptaient pas assez sur les intelligences qu'ils s’y étaient ménagées pour se flatter de la surpreudre. Ils employèrent un temps assez considérable à gagner les commandans de quelques autres places. Ils y réussirent, et s'emparèrent sans peine de Bagnols, de Collioure, de Port-Vendre et du fort Saint-Elme. Mais dans ce même temps les Français étaient rentrés dans Toulon. Le général Dugommier, à qui la république devait ce succès, ne perdit point de temps. Il s’avança vers le département des Pyrénées -Orientales, résolu de reprendre des villes françaises dont la conquête n’offrait point les mêmes obstacles que celle de Toulon.

L'Espagne avait prévu ce mouvement ; elle avait fait de grands préparatifs pour une seconde campagne. Le comte de La Union commandait une des plus bellesarmées que l'Espagne eût levées depuis long-temps. Il occupait des postes où il paraissait impossible de le forcer.

Dugommier, l’un des plus habiles capitaines que la révolution française ait produits, déploya toutes les ressources de l’art de la guerre pour faire quitter à l’armée espagnole des positions où elle eût été inexpugnable. Il était devant Bagnols, résolu de livrer une bataille décisive pour reprendre cette ville et toutes celles qui s’étaient livrées aux ennemis. Depuis quelques jours, il avait fait tracer à la droite de son camp une route à travers des gorges et des défilés dans lesquels ils n'avait garde de s'engager sérieusement.

Le général espagnol ne prit d’abord aucun soin de gêner ce travail; sans doute il s’applaudissait de voir les Francais s'opiniätrer à tenter un passage où il pouvait les arrêter facilement. Il ordonna enfin un mouvement tel que Dugommier l'avait prévu. Il descendit des hauteurs où Dugommier n’eût osé l’attaquer. Il fit marcher l'élite de ses troupes pour s’emparer de la route dontles Francais paraissaient s’occuper avec une grande activité ; mais au lieu d’une armée, on n'y trouva qu’un petit nombre de travailleurs. Pendant ce temps, Dugommier manœuvrait, gagnait les hauteurs. Enfin il attaque brusquement le centre de l’armée espagnole. Ce choc