Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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insensées du régime révolutionnaire. En effet, on s’obstina, au retour du numéraire, à lever cette contribution d’après les rôles établis en 93, c’est-à-dire à l'époque où tous les grands propriétaires dispersés , emprisonnés , ou frappés d’effroi, avaient été condamnés par leshabitans des campagnes à payer la plus forte partie, et, dans quelques lieux, la totalité de la contribution territorale. D'un autre côté, le gouvernement, avec Les énormes et onéreuses propriétés que lui présentaient les biens nationaux encore entre ses mains, se trouvait imposé sans mesure : c'est peut-être en finance que la peine suit de plus près l'injustice. Ce désordre ne fut que faiblement modifié avant le 18 brumaire.

Les deux conseils fixèrent la contribution somptuaire et personnelle à 6o millions : elle comprenait plusieurs taxes minutieuses sur les cheminées, les portes, les domestiques, les chevaux, et d’autres objets d’un luxe qui m'avait alors que peu d'éclat. -

Les droits de l'enregistrement et les droits du timbre formaient avec les deux contributions directes le principal revenu de l’état,

On se hâta de créer des douanes avant d’avoir recouvré un commerce extérieur, On en espéra, mais on n’en obtint pas une somme de huit millions.

On établit un droit de 25 fr. par quintal sur les tabacs importés en France; un autre sur la navigation intérieure et sur les canaux ; un autre sur les billets de spectacle. On créa un droit de patente pour l'exercice de chaque profession. Mais ce droit était faible, et sa répartition même était un hommage rendu à la scrupuleuse égälité dont on poursuivait la chimère. Toutes les professions étaient classées sous des titres vaguement génériques, tels que ceux d'hommes de loi, d’officier de santé, d'artiste, etc, Ces dénominations tendaient à détruire une échelle de considération que l'opinion n’a point formée d’une manière arbitraire entre des professions qui ne supposent pas un degré égal de mérite, de travaux et de talens.

Les forêts nationales entraient dans le revenu du gouvernement , et lui offraient la dangereuse tentation d’un nouveau capital à dévorer. Il y résista, mais non à la foule d'abus toujours prêts à renaître dans cette partie difficile de l'administration.

Ce tableau des ressources du directoire ne montre que la dissipation forcée, précipitée de ces malheureuses richesses que la nation avait cru conquérir sur elle-même. On rendrait bien plus sensible cette misère réelle, si l’on entrait dans le détail des expédiens ruineux que le directoire fit appe-