Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

2 INTRODUCTION.

peu de violence; une constitution républicaine s’annonce sous des auspices favorables; on goûte les plaisirs au défaut de la paix; au lieu d’user de la liberté, on se joue avec elle. Les partis se sont fait eflort pour cacher la haîne qui les divise; ils éclatent; une catastrophe cruelle vient détruire un repos mal affermi, une constitution sans force, et sur-tout sans prévoyance.

Après le 18 fructidor , la politique extérieure ne connaît plus de modération ; la guerre se rallume ; de nouveaux peuples succombent ; leurs malheurs sont vengés : les vic+ toires des Français sont interrompues ou se mêlent à des défaites. Au-dedans, on s’agite sans énergie, sans concerts le gouvernement marche sans finauces et presque sans lois. La guerre civile renaît; on craint, on sent venir les maux inouïs dont on croyait le retour impossible. Ce serait une grande fatigue que de décrire un état de choses aussi con+ fus; mais il conduit à un dénouement inespéré qui termine la révolution , et qui rappelle les lois aussi bien que la victoire.

La scène de tant de grands événemens n’est pas toujours en France ; toutes les parties du monde ont ressenti le contre-coup de la révolution française. Une île de lAmérique, Saint-Domingue, en a surpassé les horreurs; toutes les autres les craignent ou commencent à les imiter. Les déserts de la Guiane vont offrir un vaste cimetière aux proscrits de la France. L'Afrique semble d’abord ressentir une influence plus heureuse de la révolution francaise. Des victoires qu’on peut appeler d’éclatans prodiges , promettent à l'Egypte, à ce berceau sacré de la civilisation, d’en recouvrer les plus précieux avantages. L’Asie elle-même paraît appelée à les partager. La Palestine et la Syrie attendent le bienfait d’une conquête. En Europe, l’ébranJement causé par la révoluiion est plus profond et plus durable. La fertile Belgique est soumise , et s'étonne de participer à nos mouvemens, alors irréligieux, elle qui venait de s'armer contre son souverain pour l'intérêt de ses prêtres et de ses moines. La Hollande éprouve le même sort : elle imite les Français pour les désarmer. La Pologne , pour qui une réforme politique était plus nécessaire que pour nous-mêmes, l’entreprend avec franchise , et même avec prudence, la défend avec un courage héroïque, succombe et s’anéantit. L'Espagne se délivre des victoires des Français, en acceptant leur alliance avec docilité. Toute l'Italie change de face : la Lombardie est appelée à la liberté; Venise passe sous une domination étrangère. Rome, qui a perdu ce qui lui restait de puissance, c'est-à-dire