Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 5

retranchemens, mais de les rendre inutiles. Le général Jourdan put faire supporter six semaines d'attente à la valeur francaise. Le troisième jour complémentaire { 19 septembre 1794 }, il attaqua Vaile gauche de l'armée autrichienne, qui campait devant Maëstricht, et la battit. Franchissant ensuite des rives escarpées, passant sous des plateaux que l’ennemi avait garnis de canons, renversant tout ce qui avait voulu retarder sa marche, il prit en flanc la position de la Chartreuse. L'armée autrichienne l'y attendit avec peu de fermeté. Chaque poste fut attaqué et emporté à la baïonnette. Une opération si compliquée et si hardie n'avait paru qu'un jeu aux vainqueurs de Fleurus.

Le général Kléber, qui s'était beaucoup distingué dans Vattaque de la Chartreuse, fut chargé d'entreprendre le siége de Maëstricht, où le prince de Cobourg avait jeté un corps de huit mille hommes. Un nouveau combat mit l’armée autrichienne hors d'état de pouvoir secourir cette importante forteresse ; elle s'était retranchée derrière les bords dé la Rhoër , dans une position que le général Clairfait, deux ans auparavant, avait rendue célèbre en s’y maintenant contre le général Dumouriez avec les faibles débris de l'armée qui avait été vaincue à Jemmapes. Les Français, plus habiles et encore plus impétueux qu'à cette époque, passèrent à la nage la rivière de la Rhoër, et remportèrentune victoire complète. Dès-lors il n’y eut plus que désordre et précipitation dans la retraite de l’armée autrichienne ; elle n’osa se défendre dans Juliers ; elle ne tenta plus de porter de secours à Maëstricht; elle resta pendant près d’un an comme cachée aux Francais. Le siége de Maëstricht fut conduit avec une habileté qui annonça que les Francais n'avaient cessé de se perfectionner dans l'attaque des places. Les deux corps du génie et de l'artillerie eurent la plus grande

art au salut et à la gloire de la France dans cette guerre. Huit mille hommes pourvus de toute espèce de vivres et de munitions défendaient Maëstricht. Cette ville capitula le 14 brumaire (3 novembre), après onze jours de tranchée ouverte. On y trouva trois cent soixante pièces de canon et quatorze mille fusils.

Ün long blocus que les Autrichiens n’osèrent troubler par aucun mouvement, mit l’armée de Sambre et Meuse en possession de Luxembourg , de cette forteresse inaccessible, regardée comme une des premières places du monde.

L'armée de Sambre et Meuse étendit ses conquêtes sur toute la rive gauche du Rhin, soumit à la domination de la France l'électorat de Trèves et la plus grande partie de ceux de Mayence et de Cologne, et du Palatinat. Voilà le