Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits
LA MORT DE PICHEGRU. 155
ce moment, il cherchait à décourager et à désarmer le parti qui menaçait son pouvoir et sa vie.
À ces raisons qui ne permettent pas de laisser sur sa mémoire, même à l’état de doute, une imputation calomnieuse et visiblement intéressée, il y a lieu d'ajouter celles que nous avons résumées plus haut et qui font comprendre pourquoi Pichegru a préféré une mort libératrice à une existence humiliée, déshonorée et désormais sans but. Il avait touché de trop près la gloire pour se consoler d’avoir perdu le droit d’en jouir et il n’a pas voulu survivre à son honneur.
Quelques années plus tard, le gouvernement des Bourbons restauré, se rappelant que Pichegru s'était compromis pour eux, voulut le réhabiliter; invoquant les services, d'ailleurs bien obscurs, qu'il avait rendus à la cause royale; il lui éleva même une statue. Mais la postérité, bien qu'elle ait admis, en faveur du suicidé du Temple, les circonstances atténuantes, n'a pas ratifié cette tentative de réhabilitation.