Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 24{{

désordonnée, elle aurait contraint d'Avaray, soucieux avant tout de l'honneur de son maïtre, à lui ouvrir les yeux sur l’indignité de la femme qui, si

longtemps, avait tenu tant de place dans sa vie.

III

Chassés de Coblentz, en 1792, par la défaite des alliés et la marche victorieuse des armées de la République, le Comte de Provence et le Comte d'Artois s'étaient, au commencement de 1793, réfugiés à Hamm en Westphalie. D’Avaray y avait suivis son maître. Quant à Mme de Balbi, dès le début des hostilités, elle était partie pour Bruxellés où les émigrés, qui s’y trouvaient en grand nombre, menaient joyeusement l'existence. Étourdie par le fiévreux déchainement de leurs bruyants plaisirs, elle y avait promptement oublié ses malheurs, ceux de son pays, voire les convenances que lui commandait la faveur dont l’honorait Monsieur, et conçu « une folle passion » pour un brillant gentilhomme de dix ans plus jeune qu’elle, portant un nom illustre, le Comte Archambault de