Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 213

d'Avaray. Ignorant ce qui s'était passé à Bruxelles, trompé par les apparences sur les sentiments véritables de la favorite pour lui, d’Avaray, spontanément, offrit de l'aller chercher à Aix-laChapelle. Monsieur ayant accepté son offre, il la ramena. Elle passa à Hamm la semaine qui précéda le départ du Régent « et nous nous quittâmes en apparence fort contents l’un de l’autre ». Mais les sottises et les imprudences de Mme de Balbi allaient détruire bientôt cette heureuse harmonie et, du même coup, divulguer le secret de sa conduite scandaleuse.

Arrêté à Livourne par les malheurs de Lyon et de Toulon, qui lui fermait les portes de la France le Régent, après un court séjour à Turin, s'était, en juin 1794, fixé à Vérone « lorsque, à travers les gémissements et les cris de douleur des victimes du féroce Robespierre, » arriva dans cette ville l'écho des folies de Mme de Balbi. Elle était à Bruxelles plus jeune et plus gaie qu'à vingt ans; elle poursuivait son infidèle « et, ne pouvant l'obtenir de gré, elle semblait résolue à le conquérir de force. Celui-ci, lassé d’une poursuite importune, s'était décidé à s’en défaire par un

moyen doux, et la chose en était venue au point