Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 2415

à

point de délicatesse qui se peut facilement concevoir de l’observation du silence », se contentant d’abord de ralentir, puis d'arrêter sa propre correspondance avec Mme de Balbi et laissant, quoique à regret, Monsieur . continuer à lui écrire comme à recevoir ses lettres.

Cependant, le scandale se répandait, non sans doute dans l’intérieur de la France, mais au dehors. À Vienne, à Londres, à Naples, on en faisait des gorges chaudes; il défrayait aux armées les plaisanteries de table. Les partisans de Monsieur en gémissaient, ses détracteurs s'en réjouissaient, considérant les uns et les autres que c'était là « un obstacle insurmontable pour lui ramener les cœurs » et un sür moyen de ruiner à jamais ses intérêts. Pour y mettre le comble, « deux petites malheureuses étaient venues au monde ! ».

C’est alors que, pressé par ses amis de remplir ce qui était à leurs yeux un devoir d'honneur, partagé entre le désespoir de laisser avilir son maître et la crainte de lui déchirer le cœur comme

de se déshonorer par une délation qui semblait

1. Il est juste de constater que, jusqu'à ce jour, il n’a été produil aucune preuve de leur naissance, encore qu’au moment où le bruit s'en répandit, personne n’en contestàt l'exactitude.