Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

216 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

lui offrir un avantage personnel, d'Avaray comprit, après s'être longtemps demandé où était son devoir, qu'il se devait et devait à Monsieur de rompre « un stupide silence: Il le fallait d’autant plus que le temps volait, que des faits, constatés par le dévergondage, la fatuité et la clameur publique, allaient s’effacer, se perdre dans la foule des événements. La tache seule resterait, mais, ne pouvant plus marquer sur un caractère déjà sali, elle se fixerait à jamais sur celui de mon maître ». Il tergiversait toutefois, se bornant à s'étonner devant Monsieur tantôt des retards apportés par Mme de Balbi dans la correspondance, tantôt de ses liaisons et de ses habitudes avec le Comte de Périgord, tantôt enfin qu’une lettre qu'elle donnait comme sienne eût été écrite par une main étrangère, remarques que le prince écoutait surpris, mais qui ne lui ouvraient pas les yeux. Embarrassé pour pousser plus loin ses révélations, d’Avaray en cherchait encore le moyen, lorsque, à l’improviste, Mme de Balbi vint le lui fournir par une lettre datée de la Haye.

« Nous étions tous réunis, le comte Charles de Damas, le comte de Cossé, le comte d'Hautefort, le baron de Flaschlanden, le marquis de Jaucourt