Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

220 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

fallait que de l’habileté, de la promptitude, une volonté persévérante. Une conférence avec le baron de Flaschlanden, l'homme qui, après d’Avaray, avait alors le plus d'influence dans le conseil du prince, le raffermit dans sa décision. Une lettre de congé fut écrite, « noble, délicate, mesurée ». Le comte d'Hautefort, qui avait été des familiers de Mme de Balbi, se chargea d’aller au-devant d'elle pour la lui remettre et lui faire savoir en même temps que la pension que lui faisait Monsieur lui serait maintenue.

Tout ceci était décidé quand on songea au marquis de Jaucourt, à l’insu duquel ces incidents s'étaient déroulés. Monsieur l'avait toujours environné de trop d'égards pour qu'il fût possible de ne pas l'avertir de la rupture définitive. D’Avaray alla la lui faire connaître. Jaucourt s’émut cette fois; il se récria sur l'injustice de traiter avec autant de sévérité une amie aussi anciénne, aussi dévouée et manifestement calomniée par ses ennemis. Il courut chez Monsieur. « Qu'on se figure le prince d’un côté, le vieil amant de l’autre, ayant à s'expliquer sur un intérêt qui leur était aussi commun et sur lequel ils avaient à se prononcer d’une manière si différente! » Il semblait