Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 221

ea

que l'explication dût être orageuse et Monsieur s'y attendait autant que d'Avaray qui, resté à la porte, « séchait d'impatience ». Il n’en fut rien. Soit que Jaucourt, en voyant la figure renversée de Monsieur, eût pris le parti de ne pas ajouter à ses peines, soit qu'il devinât qu'il ne fléchirait pas sa décision, il se contenta de dire :

« Allons donc, Monseigneur, faut-il s’affecter autant? C'est une femme, après tout; il suffira de ; ne pas la laisser manquer. »

Et il changea de conversation. D’Avaray avoue que Monsieur et lui furent pétrifiés.

Le comte d'Hautefort partit le lendemain pour aller au-devant de Mme de Balbi qu’on supposait déjà en route. Il voyagea sans la rencontrer jusqu’à la Haye, où il la trouva, ayant changé d’avis et renoncé à sa course à Vérone. Après avoir lu la lettre de Monsieur, elle partit pour Londres, et, de là, la lui renvoya, par la voie du duc d’'Harcourt, avec ces seuls mots : « Sürement, cette lettre ne vient pas de vous ». Monsieur se contenta de la retourner au duc avec l'ordre de la remettre en mains propres et de dire à la destinataire que celles qu’elle écrirait encore seraient jetées au feu.