Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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Quatre des montagnards furent successivement envoyés au supplice, au milieu des acclamations de joie de cette même populace, qui, six semaines auparavant, s'était associée à leur conspiration : ces héros subaliernes de la nuit d’épouvante du 48 juillet ont subi la mort avec autant de lâcheté, que les magistrats immolés avant eux l'avaient reçue avec calme et courage. Aïnsi la petite révolution de Genève, que ces mêmes montagnards accusaient de n'avoir été qu’avortée, fournit déjà, mais à leurs dépens, une preuve nouvelle de la grande vérilé qu’a dite un fameux révolutionnaire Français en marchant à la guillotine : ! « Que toute révolution de ce » genre fera comme Saturne, et dévorera elle-même ses pro» pres enfants. »
Du prompt châtiment que la justice suprême et vengeresse a déjà fait tomber sur la tête des révolutionnaires subalternes, les Genevois attendent et espèrent la catastrophe prochaine des vrais coupables : ils en espèrent aussi quelques adoucissements à leur sort, et, en particulier, quelques facilités de plus pour quitter ce réceptacle de tous les crimes. Quelques-uns d'entre eux ont déjà obtenu, à prix d'argent, que leurs emprisonnements domestiques fussent commués en exil perpétuel. Et qui pourra s'étonner qu'on achète comme une faveur le bannissement d'une patrie, dont toutes les pierres semblent maintenant teintes et fumantes de sang innocent; d’une ville où l’on s’est réuni pour le pillage, et où l'on se divisera bientôt pour le partager; d’une ville où la populace pille pour être soldée, et est sol-
1 Danton.