Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
— 4108 —
et de prospérité y sont évanouis pour la génération présente; ou du moins ses convulsions ne peuvent plus avoir d'autre terme que celles de la France. Elle aurait pu cependant en rester témoin muet, comme le reste de la Suisse; mais dès qu’elle a eu la criminelle imprudence de s'y laisser attacher indissolublement, elle est condamnée à en suivre toutes les impulsions, et à en ressentir, plus ou moins, tous les chocs; car la chute des montagnards genevois n’est évidemment que le contre-coup de celle des partisans de Robespierre en France. Cette dernière Puissance est maintenant l'unique allié qui resie à la faible Genève. Elle le perdrait et l'irriterait sans retour, si ceux mêmes de ses citoyens égarés tentaient, comme ils semblent le désirer déjà, de revenir aux lois sages et à la liberté tempérée qu'ils ont laissé immoler, depuis deux ans, sur l'autel de la doctrine révolutionnaire.
Londres, le 3 Octobre 1794.
Les symptômes adoucissants que semblait annoncer la révolution de Genève, n'ont pas tardé à faire place à ses vrais caractères originels, ceux de la destruction et du dépouillement. A peine le Tribunal Révolulionnaire se fut-il débarrassé de la faction des montagnards, qui le gênait, en demandant pour elle les pillages de la révolution genevoise, ou en tentant de les faire passer entre les mains des Français ; à peine eut-il été pleinement rassuré sur les vues de cette puissance, par ses déclarations, par la chute de Robespierre, et par le rappel éclatant de Soulavie, qu'il