Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
haute voix, où ceux-là seuls pour qui la tranquillité est devenue un état violent, osent élever la leur, et où leur audace s’augmente en proportion du découragement des autres. Ces vingt-trois petites républiques délibérantes s’assemblent deux fois par jour, et font souvent isolément, et quelquefois en masse, les propositions les plus contradictoires Rien n’est égal à la versatililé de cette nouvelle clubocratie. Tantôl elle permet aux artisans condamnés à la prison domestique, de sortir trois fois le jour, pour se rendre à leurs ateliers ; et bientôt après elle suspend cette permission. Tantôt, voulant porter la sape révolutionnaire jusqu'aux fondements même de l’ancien édifice, et détruire pour cet effet la discipline de la jeunesse, elle demande à grands cris la cassation de tous les fonctionnaires attachés à l'éducation publique; puis, en observant qu’elle n’a pas un seul des fonctionnaires de ce département dans son parti, elle imagine de les mettre en réquisiion provisoire, en attendant qu’elle puisse les remplacer, ou même les supprimer; car elle dénonce déjà les sciences et les arts comme une branche d’aristocratie. Tantôt enfin, désirant hautement, et sans déguisement, la dépopulation de Genève, elle permet aux ciloyens qui n'ont point été amenés en jugement, d’en sortir avec leurs effets : le lendemain, étonnée de la foule des émigrans, et de la masse des propriétés mobilières qu’ils ont emporlée ou fait charger la veille, elle en interdit de nouveau la sortie, ainsi que celle des personnes, des espèces, des marchandises, etc., etc!
La question qui a le plus divisé les esprits était de sa-
1 Voir la Note I à la fin du volume.