Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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ne lui laisse que des désapprobateurs auprès du seul allié auquel elle les ait réduits.
Entr'autres preuves de cette désapprobation, ils ont laissé imprimer, dans la Gazette de France, l'éloquent Mandement du Grand Conseil de Berne, qui lance un anathème si foudroyant sur la révolution genevoise. Le député de la Convention qui est venu dernièrement sur les frontières de Suisse, s’est exprimé, dil-on, sur elle, d'une manière à peu près semblable, et s'est refusé à l'invitation que lui adressaient ses auteurs, d'y venir donner et recevoir le baiser fraternel. Enfin, le résident envoyé à Genève pour remplacer Soulavie, a été choisi exprès parmi ceux des révolutionnaires Français les plus attachés au nouveau système de modération ; et son premier acte a été d'envoyer, sous une forte escorte, son prédécesseur à Paris, pour y rendre comple de sa conduite.
Telles ont été les conséquences d’un premier pas des Genevois vers la doctrine Française. On peut maintenant en tracer la source, et en suivre le cours etles débordements, depuis la désorganisation, en apparence si légère et si calme, de 1792, jusqu'à la subversion complète et sanglante de 179%, c’est-à-dire, depuis le moment où la révolution s’annonça avec douceur, par le titre innocent et modeste de citoyen, qu'adoptaient entr'eux ses partisans, jusqu’à l’époque où ceux-ci, ayant obtenu l'égalité des droits, y ont découvert le moyen d'étendre ces droits d'égalité sur la fortune même de ceux qui ne pen-. saient pas comme eux; et où enfin, après avoir réussi à les désarmer dans les ténèbres, il les ont dépouillés, proscrits, mis à mort. Tel est le sort auquel viennent d’être dévoués, uniformément, tous les propriétaires dans