Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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à désirer, ni Clergé à dépouiller, ni abus à détruire, ni mème de classes privilégiées à jalouser; puisque, dans aueun temps, nos lois ne reconnurent, ni noblessedansles familles les plus anciennes, ou les plus opulentes, ni roture chez celles qui l'étaient le moins. Quant à l’administration des finances, la pureté et la scrupuleuse économie des anciens magistrats qui les géraient, ne pouvaient être comparées qu'à leur désintéressement personnel. Il était tel, que leurs successeurs, en s’'emparant de leurs places, commencèrent par en doubler et tripler les salaires : encore ces salaires n’ont-ils point suffi à l’intempérance de leurs passions !, et ‘à l’avidité de leurs rapines, puisqu'ils viennent d’avouer que, dans le cours des six dernières semaines, il y a eu une dépense révolutionnaire, c’est-à-dire une dilapidation de 20,000 louis, el qu'il n’en est resté que 16,000; ce qui est loin de représenter la totalité des sommes que le pillage aurait dù verser dans le trésor public.
? Pendant presque tout le cours de cette révolution ensanglantée, les chefs n'ont cessé de faire, aux frais de l'Etat, de grands repas et de véritables orgies, tandis que leurs subalternes vivaient à discrétion dans les maisons des gens riches ou aisés dont ils vidaient les caves. Le compte de cette dépense, publié le 10 Septembre par les Révolutionnaires, présente des détails inimaginables. C’est une longue liste de déjeüners, repas, soit denuit, soit de jour, liqueurs, sirops, vins fins, bière, orgeat, limonade, etc., etc. On y trouve jusqu'à pipes, tabac, poudre à poudrer, pommade, rubans, savonnettes, pour l'usage des fonctionnaires publics. On y trouve aussi certaines sommes qu'ils se sont fait avancer en sus de leurs vacations; et, enfin, un article de six louis et demi, pour les pompes à feu, destinées à disperser un rassem-
blement de citoyennes. (Voir la Note K à la fin du volume).