Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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porter incidemment la question de la taxe au souverain. Du reste, dans ce moment, l'administration agissait souvent avec beaucoup de légèreté. Elle avait décidé, par exemple , d'introduire le système décimal et de démonétiser le billon genevois et suisse, et les grosses pièces bernoïses. Le terme fixé par l'ordonnance étant arrivé, le peuple ne put payer qu'avec l’ancienne monnaie, parce que la nouvelle n’était ni frappée, ni en circulation, et le fise ne recevait l’autre qu'au rabais. Il y eut à ce sujet une émeute dans laquelle Teron, prôneur du système décimal, fut rossé en pleine rue. La colère du peuple frappa d’ostracisme ladmirable système dont le gouvernement avait voulu réaliser l'application, et celuici se vit forcé de frapper des genevoises, des demi-genevoises et des pièces de quinze sols.
Dès que la taxe eut été accomplie et déclarée propriété nationale, le Procureur-Général Anspach proposa aux clubs de voter sur l'annulation de tous les jugements révolutionnaires. C’élait un vœu presque unanime, aussi le projet de décret fut-il approuvé par 1952 suffrages contre 250, et les magistrats le promulguèrent solennellement (23 Mars 1795). Déjà, auparavant, les détenus à la maison de force avaient été libérés, les détenus chez eux mis en pleine liberté, et les régents, professeurs et ministres, rétablis. Cette dernière opération ne laissa plussubsister d’autres traces des jugements révolutionnaires, que celle du sang répandu et de dix millions confisqués.
Tandis que tout se régularisait, qu’on remplaçait les Comités provisoires d'industrie, de législation et des fiuances par des Commissions plus ou moins nombreuses, la République s'acheminait encore vers des troubles ame-