Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
L'affaire des cravates vertes, étant devenue ainsi l'occasion d'une prise d'armes, moitié légale, moitié insurrectionnelle, avait laissé dans les esprits une agitation fächeuse et de nouvelles appréhensions. Chaque parti se croyait à la veille d’être attaqué par le parti contraire, ce qui ne laissait pas présager le retour prochain de la tranquillité. La question de la révision des lois politiques devenait aussi de plus en plus irritante, parce que les aristocrales et les englués, rassurés par le traité de paix de la France avec l'Espagne, commençaient à se séparer des auteurs de la révolution de 4792, et à laisser entrevoir leur projet de revenir sur les principes qu'elle avait fait triompher. Les travaux du Comité de rédaction continuaient ; on suivait un plan de réforme financière sage et progressif, mais le besoin d'ordre et de tranquillité élait encore puissamment combattu par l'esprit exclusif des partis. Ces éléments devaient tôt où tard amener une collision. Déjà des rixes particulières s'engageaient journellement entre les Grillards, les Marseillais, les Joyeux d’une part, et de l’autre les coalisés du cercle des Barrières. Dans ces diverses occasions les Syndics étaient peu respectés, souvent même gravement exposés. Un jour, entre autres, le Syndic Rivard fut menacé de mort par un soldat de la garnison qui le coucha en joue. Il ne restait au Gouvernement qu'une ressource , c'était, au premier trouble, de faire battre la générale et sonner le tocsin, pour remettre au bon esprit des masses le salut de la cité. Ce moyen ne tarda pas à être employé. Le 17 Août, dans la soirée, des rixes plus violentes etplusgénérales qu’à l'ordinaire, s'étant élevées entre les révolutionnaires et les membres du cercle des Barrières, l'alarme se