Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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Je ne nommerai pas ce citoyen ; je désire seulement que les circonstances soient telles, qu’il puisse bientôt avouer hautement ce que je viens de dire; je lui répondis: Je n'ai rien à me reprocher {s'il est permis de se faire un reproche de ce genre), que de leur avoir rendu service dans toutes les occasions.
Ces faits sont antérieurs à la journée du 20 juillet, dont les détails ont été déjà donnés. Tout cela, comme vous le voyez, citoyens, n’étail pas bien rassurant; je suivais cependant aux affaires sans trop m'inquiéter de tous ces rapports, et je n’ai communiqué ces faits à qui que ce soit, dans la crainte de nuire à la chose publique, en jetant l'épouvante et le découragement dans l'âme de mes concitoyens ; la seule chose de ce genre que j'aie publiée, est celle-ci : le citoyen Guerin, magistrat de police et juge de paix, me dit un jour, au commencement de juillet: j'ai rencontré la nuit dernière le citoyen syndic Bérenger se promenant par la ville, accompagné de son huissier ; je le trouve bien imprudent, car son hussier ou personne c’est la méme chose, et il pourrait bien lui en mésarriver. Je lui témoignai toute l’indignation que m'inspirait une pareille observation, et je lui dis que les syndics avaient estimé que le seul moyen de ne pas être trompés par de faux rapports, était de s’instruire par eux-mêmes de ce qui se passait; qu’ils y consacraient leurs veilles, et que je les croyais en sûreté au milieu de leurs concitoyens ; que cependant je ne manquerais pas de faire part au Conseil de l’avis qu'il venait de me donner; ce que je fis effectivement, et je le dis même à beaucoup d’autres citoyens.
Enfin, après avoir été abreuvé de toutes les amertumes