Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
raient trouver dans un pareil refus, le prétexte de quelque bouleversement favorable à leurs vues; mais surtout afin d'imposer promptement, par ce nouvel ordre politique, aux révolutionnaires subalternes qui commençaient à n’en vouloir aucun.
Tous les partis se réunirent pour accepter, sans plus hésiter, cette nouvelle Constitulion qui devait, leur disait-on, ramener l’ordre et la tranquillité. En conséquence, elle fut sanctionnée en Conseil Souverain le 3 février 1794, à l’étonnante pluralité de 4,200 suffrages contre 200; et le parti attaché aux anciennes lois voulut achever de gagner les égaliseurs par une autre preuve de confiance, en leur donnant exclusivement ses suffrages pour les nouvelles magistratures.
Sans renoncer, il est vrai, à ses anciennes opinions sur ce qui constitue une liberté sage et tempérée, la grande masse de notre peuplade se montrait, à chaque occasion, prète à soutenir de toutes ses forces ce nouveau Gouvernement constitutionnel, pour l'aider à faire face aux difficultés du dehors et aux désorganisateurs du dedans. Enfin, comme l'indigence avait beaucoup augmenté, soit par la guerre du continent, qui réduit toujours le commerce de notre principale manufacture, soit par la longue oisiveté de la classe des ouvriers révolutionnaires, les Genevois riches ou aisés souserivirent un capital considérable pour faire travailler les aleliers, en attendant qu'il s'ouvrit des débouchés à leurs produits.
Grâces à tant de nobles sacrifices, soit d'intérêts privés. soit de passions politiques, Genève semblait naviguer encore tranquillement à côté de la tempête fran-