Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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de noms honorables. C’est pour nous un devoir de rappeler ici un fait bien connu des contemporains : c’est que plusieurs citoyens, parfaitement honnêtes et modérés, se laïssèrent mettre dans les emplois, à ceite époque, dans l'espoir d’entraver les violents et d'empêcher du mal. Sans leur participation, il est évident que les atrocités commises auraient été beaucoup plus nombreuses et se seraient prolongées davantage. La catastrophe du 9 Thermidor leur vint en aide. Il est essentiel d’ailleurs de faire observer que de 92 à 98, et même pendant les plus mauvais jours de la Terreur, les hautes classes de Genève, ainsi que la classe marchande, eurent des représentants dans les Conseils et qu’on n’y vit pas siéger sans contre-poids les représentants de la classe ouvrière. La ville était divisée pour les élections en quatre collèges, ce qui attribuait à chaque quartier, et par conséquent à chaque classe, sa part de représentation. C'est ce qui explique certains noms qu’on s'étonne de voir dans les Conseils d’alors. Il était réservé À la tyrannie radicale de nos jours d’anéantir entièrement, sous le point de vue de la représentation politique, la classe des propriétaires, celle des rentiers, des hommes de lettres et de science, et le commerce tout entier, pour la transporter intégralement aux mains de la classe ouvrière, en réunissant la ville de Genève en un seul collége. Excès de despotisme populaire que n’avaient pas imaginé les révolutionnaires d’autrefois. Aujourd’hui, si quelques membres de ces classes deshéritées entrent encore au Grand Conseil, ils y sont envoyés par les campagnards, où lélément violent et jaloux sera toujours moins fort qu'à la ville.

D’après notre tableau des émoluments, il paraît que les honnêtes révolutionnaires de 94, fidèles en cela anx principes proclamés par les démocrates de tout temps, ne faisaient rie pour rien. C’est ainsi que, selon l'expression consacrée, ils ouvraient la porte à toutes les capacités. Les radicaux d’aujouvd’hui ont cependant modifié le principe, en ce sens, qu'ils ont introduit

une monstrueuse irégalité dans la rénumération des services