Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
nes. Dans cette invasion nocturne les Genevois se seraient crus pris d'assaut par des ennemis étrangers, si le pillage des provisions de bouche, du numéraire et même de la vaisselle, ne s'était pas exécuté avee une telle connaissance des dépôts, qu'ils comprirent bientôt que parmi ces assaillants se trouvaient beaucoup de leurs propres compatriotes!. L'expédition de ces derniers se fit avec ordre, se prolongea sans obstacle, et s'acheva sans la moindre résistance. Leurs petites bandes armées n’exhibaient aucun ordre, mettaient les scellés sur ce qu'elles ne pouvaient point emporter, et n’oublièrent pas d’envelopper dans leurs arrestations personnelles, beaucoup de citoyens obscurs et pauvres. Telle fut la fureur aveugle et barbare de ces visites domiciliaires, qu’au milieu des chaleurs les plus brülantes, on traina, on entassa dans les prisons jusqu'à des vieillards hydropiques et des malades attaqués de fièvre maligne. Cette œuvre de ténèbres fut exécutée en peu d'heures, par une cenlaine de brigands, moitié Genevois, moitié étrangers ; et, comme Bousquet s'y était attendu, le succès lui associa, dès le lendemain, tout le reste de la populace, tous les hommes làâches et faibles, et même un certain nombre d'honnêtes gens, qui se flattèrent encore d’arrèter ces forfaits en ne se séparant point tout à fait de ceux qui les avaient commis, et qui en méditaient déjà d’ultérieurs. Leur chef se hâta de rassembler sous les armes tous ces associés, qu'il honora du nom de Nation révolutionnaire. IL débuta par annoncer une solde considé-
? Voir la Note B à Ja fin du volume.