Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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repas, le président, en adressant la parole au tribunal, lui disait: Citoyens, allons faire un repas frugal et républicain; et ce repas durait plusieurs heures. Tout ce qu'il y avait de plus exquis en viande, poisson, vins fins ou liqueurs, était mis en réquisition pour ces bandits. Après que ces graves sénateurs s'étaient surchargé l'estomac, l’un d'eux se faisait un jeu de s'emparer de la liqueur et, fuyant de chambre en chambre, il n’en donnait qu'à ceux de ses collègues qui avaient pu le joindre. Jamais l’intempérance n'insulta plus cruellement à la misère publique. Les gémissements des familles désolées, les cris de désespoir des épouses et des enfants des détenus, n’arrêtaient pas le cours de leurs infàâmes orgies !.
On sera surpris de la fermeté presque divine des prévenus, lorsqu'on fera attention aux objets d'horreur qui ne cessaient de frapper leurs sens. Les accusations portées contre eux ne leur étaient point rendues comme je les ai rapportées; mais dans un style semblable à celui du juge qui interpella De Rochemont. En voici quelques exemples : Ta we, disait-on à Cayla, n'est qu'une suite d'attentats contre les droits du peuple. N'as-tu pas demandé, en 1782, des troupes étrangères pour égorger la nation ?..….. Réponds. À Munier: Autrefois tu fus le défenseur du peuple, aujourd'hui tu trahis ses droits ; tu courais après les gazettes qui annoncçaient que la coalition avait remporté des avantages. N'espérais-lu pas à la ritournelle ? N'as-tu pas assassiné le peuple ?... Réponds. À Prevost: Tu naquis parmi le peuple, tu recus
? Voir la Note D à la fin du volume.