Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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« Je ne puis, dit Rouget de Lisle, sans émotion, « retracer le noble dévouement dont ces jeunes gens « étaient animés. Toujours prèts, toujours les premiers € au poste de la fatigue et du danger, indifférents aux € privations, insensibles aux besoins, jamais, pendant « plusieurs jours et plusieurs nuits d’une marche forcée, € on ne les entendit proférer une plainte. »
Ils se délassaient et se consolaient en chantant :
« Mourons pour la Patrie ! « C’est le sort Le plus beau, le plus digne d'envie. »
Cétait bien là l'esprit qui animait tous les soldats de la République, et Béranger les peignait bien quand il disait d’eux :
« Pieds nus, sans pain, sourds aux lâches alarmes « Tous à la gloire allaient du même pas. »
Les malheureux jeunes gens, surpris par un groupe de Chouans, furent impitoyablement égorgés malgré leur
Jeune âge.
Ce trait peint bien la férocité de cette guerre, surtout chez les hommes fanatisés. Aussi Rouget ajoute-t-il, après avoir raconté cet égorgement : « Quelle guerre € qu'une guerre civile attisée par la main des prêtres! »
Là ne s’arrêtaient pas les sévices des Chouans et des Anglais contre les malheureux prisonniers, soldats de la République. On ne pouvait tous les égorger, mais on leur faisait subir, sur les pontons, les plus mauvais traitements; on les forçait à s’enrôler dans des régiments, par moitié intercalés entre des royalistes; on forma ainsi plusieurs régiments : Royal-Louis, Royal-Emigrant, Royal-Artillerie, etc.
Beaucoup étaient exposés dans les postes les plus