Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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des poèmes d'Homère, elle parcourait les rangs des soldats, encourageant les uns, menaçant les autres. Aux Français elle inspirait la conscience de leurs forces, aux ennemis celle de leur faiblesse. Son souffle agitait ficrementles cœurs et les drapeaux; chacun attendait qu’elle donnât le signal de l'attaque; et quand elle avait dit: Marchez, marchez, qu'un sang impur abreuve vos sillons! les Français s'élançaient sur l'ennemi, rapides comme la foudre, forts comme l’avalanche, indomptables comme la mer en courroux. Ah! combien de généraux se sont inclinés devant ce grand capitaine! L'un d’eux écrivait au Directoire : « J'ai gagné la bataille, Za Marseillaise commandait avec moi. » Un autre venait demander € un renfort de mille hommes ou une édition de la Marseillaise ». Un troisième disait : « Sans {a Marseillaise, je me battrai toujours un contre deux ; avec la Marseillaise, un contre quatre. » -
L'abbé Monigaillard, royaliste, qui écrivit l’histoire de France depuis la fin du rêgne de Louis XVI jusqu’à l’année 1825, rend justice à {4 Marseillaise et à son rôle, en historien sincère : « Pendant toute la durée du passage du mont Saint-Bernard, dit-il, la musique des régiments n’a cessé de se faire entendre; ce n’est que dans les endroits des plus grandes difficultés que le pas de charge vient ranimer la vigueur des soldats. » Plus loin, il ajoute : « L'Hymne des Marseillais, qui exerça une si puissante influence dans les armées républicaines de 1793 et 1794, est chanté avec enthousiasme par les soldats de Bonaparte ; les échos des Alpes retentissent de ces strophes qui décidèrent si souvent de la victoire, qui firent trembler les ennemis de la France. Liberté! liberté! ce talisman enflamme encore aujourd'hui les soldats et double leurs forces sur les glaciers des Alpes.»
Notre compatriote et ami, Félix Pyat, a, sur (a