Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
— 956 —
nité du chant héroïque dont il est l’auteur. D’après lui, la gloire en reviendrait à un certain Navoicille, Allemand, et l'erreur se propageant mieux que la vérité, M. Fétis, dans sa Biographie des Musiciens, affirmait sans hésitation les conclusions de Castil-Blaze.
Ce farceur va plus loin; il est de Cavaillon, où les passions politiques sont très accentuées, chacun l’a pu constater dans les élections à la Chambre des députés, il y a quelques années ; ce farceur, dis-je, qui est absolument anti-républicain, se plait à abaisser tout ce qui en exprime les sentiments. Il va plus loin encore, il critique la Marseillaise et, avec une théorie plus qu’enfantine, il reproche au poète d’avoir mis des dactyles là où il faudrait des spondées, comme si les élans du patriotisme permettaient d’ergoter sur des pointes d’aiguille. Ah! ils sont malins les royalistes de Cavaillon ! Vous n’avez pas pris vos bonnes lunettes pour y voir, monsieur Castil-Blaze, quand vous avez écrit dans votre Molière musicien, page 452, tome IT: « Rouget de Lisle composa les paroles qu’il ajusta sur l’air d’un cantique allemand, que l’on avait applaudi chez M de Montesson (la maîtresse du duc d'Orléans). Le Chant de l’armée du Rhin, c’est ainsi qu'il fut appelé dans sa nouveauté, fut exécuté le lendemain aux acclamations du peuple et des soldats. Les régiments de la garnison et des environs de Strasbourg eurent adopté bientôt cette marche du plus beau caractère.
« Des voyageurs de commerce, qui se rendaient à la foire de Beaucaire, apportèrent cet air et le répandirent dans le midi de la France. Les Marseillais se préparaient alors à se mettre en campagne. Ils entrérent à Paris, chantant les couplets de Rouget de Lisle. »
Il y a erreur sur l’auteur de l’air de {a Marseillaise, le fait est absolument prouvé déjà; il y a erreur sur la