Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903

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testantisme. Pour être sûr de bien interpréter ses livres, j'ai consulté avec soin sa correspondance, recueillie et publiée par M" Quinet avec un soin pieux, et qui a singulièrement facilité ma tâche.

I

De 1827 à 1858, « toutes les études de Quinet, dit-elle, eurent un seul et même objet: l’histoire des religions, et un caractère commun : la critique sympathique. » Ses premiers ouvrages montrent en lui un disciple de la science théologique allemande, mais un disciple original et indépendant vis-à-vis de ses maîtres. Ce fut G. Herder qui lui fit sentir les beautés poéti-" ques de l'Ancien Testament et lui révéla la grandeur de la conception hébraïque de Jehovah. « De la même façon, dit-il (1), que nous avons vu l'idée de Jehovah personnifiée dans les scènes de la nature visible, il faudrait rechercher comment cette croyance, réfléchie dans le champ des actions humaines, a fait de chaque événement de l’histoire une figure de la Providence, un symbole de l'Éternel, non moins vivant que l’arc-en-ciel dans le déluge, le buisson ardent de Moïse ou les cimes déchirées du mont Thabor. »

Dix ans après, dans son £xamen dela vie de Jésus, de Strauss (1837), Quinet réfuta la thèse de l'auteur, d'après laquelle le christianisme serait un effet sans cause, et Jésus-Christ, un mythe. « Pour moi, disait-il, je reste persuadé que la personne du Christ fait tellement pértie de l'édifice de l'histoire depuis dixhuit cents ans, que, si vous la retranchez, toute autre doit être niée par la même raison — le règne intérieur d'une âme qui se trouve plus grande que l'Univers visible; — voilà, le miracle permanent de l'Évangile. Or ce prodige n’est pas une illusion ni une allégorie, mais une réalité (2). »

Ces études sur Herder et sur Strauss n'étaient que le prélude d'un plus grand ouvrage, que lui avait suggéré l'audition des cours de Creutzer, je veux dire : e Génie des religions (1841). Ce fut le premier fruit de son enseignement à la Faculté des lettres de Lyon. Dans ce livre, Quinet inaugura la vraie méthode scien-

(1) Essai sur les œuvres de Herder (1821). — Premiers travaux, page 90. (2) Premiers travaux, p.210.