Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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effets qui lui appartenaient. En fait de fuites de ce genre, j'en étais, je crois, à la dixième. Heureusement que mon hôte reçut l’ordre, pendant la nuit, de fournir une voiture avec quatre chevaux. J'en profitai pour me rendre à Marienverder, où je m’adressai au fournisseur des voitures de l’armée, pour me faire conduire plus loin. Il me donna les moyens de partir avec d’autres blessés ; mais je n’avais plus d'argent, et je ne savais à qui m'adresser pour en avoir. Je n’avais plus qu’une chaîne en or, que je vendis à un employé des postes. Il parut s'intéresser à notre malheureux sort. Je lui racontai tout ce que j’avais souffert depuis la Bérésina. Il me conseilla de parler à son chef, qui, disait-il, était très disposé à secourir les malheureux. En effet, cet homme charitable, après m'avoir écouté quelques instants, parut vivement s'intéresser à mon sort et m’offrit ses services. Je lui demandai 300 francs contre mon billet, mais voulant m’accompagner lui-même jusqu’à Engelsbourg, il m’avança, en attendant, 80 francs, ce qui fut pour moi d’un grand secours. En arrivant, nous bûmes une excellente bouteille de vin; c'était fort rare dans ce