Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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bien me donner tous les soins possibles, et entre autres l’un deux, nommé Darlos, de Paris, fut pour moi plein de prévenance et de bonté. Si jamais ces lignes lui tombaient sous les yeux, qu'il recoive ici les remerciements d’un vieux camarade. Le lendemain, je fus en effet transporté à une lieue et demie de distance. Là, je fus mis dans une chambre de taverne, où le chef du village me fit apporter de la soupe, du pain et un peu d’eaude-vie. Il y avait longtemps que je n'avais fait un aussi bon repas. Une fois restauré, on me transporta plus loin.

Depuis le village que je venais de quitter, je n'avais plus aucun moyen d'avancer qu’en m’adressant aux bourgmestres, qui me faisaient transporter par les voitures destinées aux mendiants. Ce moyen, qui n’était pas tout ce qu'il y avait de plus commode, se trouvait être ma dernière ressource, Car j'étais non-seulement pauvre comme Job, mais, de tous mes membres, je n'avais plus qu’une main valide; c'était la gauche. À la merci du premier venu, je n'avais donc qu’à me résigner!

Il serait fatigant peut-être de continuer la lita-