Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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découragement, lorsque tant d'hommes valides avaient succombé. Le jour de mon arrivée fut pour moi un beau jour ; mon frère et mes camara&es m'offrirent l’hospitalité. Après un voyage qui avait duré trois mois et demi, et dont chaque jour avait eu ses tribulations, je jouissais enfin du bonheur de me retrouver au milieu des miens.

Dans la soirée, un certain nombre d'officiers, blessés et avec des béquilles, la plupart arrivés de Polotsk, vinrent me souhaiter la bienvenue.

Au dépôt, mes blessures commencèrent à me faire moins souffrir. Mon frère était retourné à Nimègue, pour se mettre sous les ordres du général de division Molitor, qui aimait et appréciait les Suisses à leur juste valeur; c’est quelque chose quand, dans d’autres occasions, rares sans doute, les services ont été oubliés et méconnus.

Au moment où je vais quitter les débris de mon vieux régiment, je dois mentionner, avec une certaine satisfaction et comme souvenir, les quatre occasions dans lesquelles j'ai sauvé l’aigle du régiment :

4° Dans notre passage, à travers le Beira (Portugal), où, à quelques lieues de Castelbranco,